Home Romans 3 romans pleins de verve, d’Eureka Street à Telegraph Avenue

3 romans pleins de verve, d’Eureka Street à Telegraph Avenue

par kantutita

Voici mon avis sur trois romans au style plein de gouaille et d’ironie, dont les protagonistes ont en commun d’être des anti-héros angoissés.

Ces lectures ont en leur centre trois villes du monde anglo-saxon et leurs quartiers populaires. Belfast en Irlande, Oakland en Californie et La Nouvelle-Orléans en Louisiane. Ces lieux sont des personnages à part entière des romans… J’ai donc eu envie de les réunir sur le blog par ici, après vous avoir parlé de romans japonais la dernière fois.

  • Mon avis sur Eureka Street ♡ dans les ruelles sombres de Belfast en Irlande
  • Soul Kitchen ♡ nous emmène à la Nouvelle-Orléans
  • Telegraph Avenue: la fin d’une ère pour deux disquaires à Oakland, en Californie

Mon avis sur Eureka Street de Robert McLiam Wilson

J’ai eu de la peine à entrer dans le roman irlandais Eureka Street au début, et puis j’ai accroché au style plein de verve et à l’ironie de l’auteur. Un vrai génie!

Eureka Street se déroule à Belfast, en Irlande du Nord, dans les années 1990. La menace terroriste plane sur la ville, et les personnages du roman se heurtent aux perspectives inexistantes. L’espoir semble s’être envolé loin hors du quartier populaire d’Eureka Street, et pourtant ses habitants continuent de faire un pas devant l’autre, sans attendre grand chose de la vie…

Loser magnifique, Jake, catholique, passe soirée après soirée dans un bar de Belfast avec ses copains, et enchaîne les petits boulots de merde. Semaine après semaine, rien ne bouge. Le spleen l’accompagne mais il ne fait pas grand chose pour secouer le destin. Son âme romantique sombre depuis que sa copine anglaise l’a plaqué pour retourner à Londres…

Mon avis sur Eureka Street de Robert McLiam Wilson

Un de ses potes, Chuckie, est un mec minable et répugnant, qui n’a RIEN pour lui. Il est protestant. Or du jour au lendemain, cet anti-héros se secoue, et décide que ça suffit! Motivé par les beaux yeux d’une Américaine, le voilà qui monte une petite affaire en forme d’arnaque… qui lui donne un capital de départ pour lancer un business. De quiproquo en coup de chance, Chuckie s’élève de sa condition…

Jake, interloqué, est témoin des succès illégitimes de son copain le plus bête et le plus moche! Chuckie en est le premier surpris, mais profite de sa bonne fortune.

Les succès de Chuckie ressemblent à une grosse farce, en contraste avec le quotidien morne de ses compères (il m’a fait penser à un autre anti-héros marquant: Ignatius!) Le conflit religieux, le terrorisme, la crise économique, tout cela sert de décor à Eureka Street et en fait un roman profond.

Pour autant, on accroche à son ambiance sans déprimer grâce au ton du roman, au style plein de gouaille de l’auteur, à la célébration de l’amitié. Avec ses personnages désarmants, cette chronique de la désillusion servie avec humour m’a énormément plu! Elle raconte une époque et sa noirceur, tout en chantant une ode à Belfast. J’ai été déçue de voir que cet auteur irlandais génial n’avait que très peu publié.

Eureka Street, Robert McLiam Wilson, Actes Sud


→ A lire aussi sur le blog

– Découvrez un roman irlandais mélancolique, sur la communauté des gens du voyage
Mes coups de coeur au sud de l’Irlande… en attendant d’aller un jour à Belfast


Mon avis sur Soul Kitchen de Poppy Z Brite


Mon avis sur Soul Kitchen de Poppy Z. Brite

Coup de coeur pour la traduction française de ce roman jubilatoire, qui retranscrit la verve et l’argot de deux restaurateurs à la Nouvelle-Orléans. C’est le tome 3 d’une trilogie, mais on arrive à suivre, promis!

As des fourneaux issus d’un milieu populaire, Rickey et G-man ont ouvert un restau coté à La Nouvelle-Orléans: Alcool. Leur concept: tous les plats contiennent une note d’alcool. Partenaires dans la vie comme en cuisine, le couple fait face au stress de faire tourner leur affaire malgré le caractère difficile de Rickey, qui a tendance à jeter de l’huile sur le feu et gère mal ses angoisses! Les deux gays sont hyper attachants, et leur histoire d’amour – avec des hauts et ses bas – attendrissante et réaliste, sans caricature.

Viennent s’ajouter à cela les deals de la mafia de la restauration, avec les scandales présents et passés de personnages véreux, le tout saupoudré de lignes de cocaïne et arrosé d’alcool. L’intrigue prend un tour de polar…

Le cadre est comme une carte postale de la Nouvelle-Orléans, dont la culture est distillée dans le roman, avec en guise de Soul Kitchen réconfortante les nombreuses spécialités gastronomiques de Louisiane, son héritage musical et son bayou.

Plein de rebondissements, avec des personnes hauts en couleur et une langue orale pleine d’argot et de verve, Soul Kitchen m’a TELLEMENT plu! Je me suis commandé les deux autres romans de cette trilogie de Poppy Z. Brite parue Au Diable Vauvert, Alcool et La Belle Rouge dont j’espère du coup vous reparler plus en détail!

Soul Kitchen (trilogie Alcool) Poppy Z. Brite, Au Diable Vauvert


Mon avis sur Telegraph Avenue de Michael Chambon sur le blog

Telegraph Avenue de Michael Chambon

Difficile d’entrer dans ce roman, savoureux par ses figures de styles inventives, mais fatigant avec ses héros lamentables au snobisme musical poussé. Je m’attendais à une version californienne de High Fidelity de Nick Hornby, mais le ton ne pourrait être plus différent!

Telegraph Avenue de Michael Chambon raconte la chute d’une boutique de disques de seconde main à Oakland, en Californie. On se trouve à un carrefour. Entre Blancs & Noirs. Entre les hipsters de Berkeley et la working class laborieuse de Oakland qui peine à arriver à la fin du mois. Entre un passé fantasmé et le futur effrayant…

L’auteur nous sert deux doux dingues en guise de personnages principaux masculins. Derrière le comptoir de Brokeland Records, il y a Nat & Archie. Ils sont plus intéressés par l’année de pressage d’un vinyle ou une ligne de basse enregistrée en 1954 que les platitudes de la vie quotidienne – y compris leur famille. Ces anti-héros nous marquent même s’ils nous agacent avec leur incapacité à mener leur barque!

Leurs épouses travaillent elles aussi ensemble, et sont deux sages-femme avec la tête sur les épaules. On a de la peine à comprendre qu’elles aient épousé ces drôles de zigotos! Leurs enfants ne s’en sortent pas si mal vu ce cadre…

Ce roman sociétal évoque la chute inéluctable de ces derniers disquaires du quartier, avec un côté très puriste et érudit sur la musique soul, jazz et funk entre les 40’s et 70s’. On se sent vite mis à l’écart si on n’y connaît rien, car l’auteur multiplie les obscures références. La contre-culture et la musique afro sont au coeur du récit.

→ Cet aspect m’a laissé sur la touche, j’ai vraiment préféré ce polar sur le rock où on se sent embarqué par l’intrigue musicale

Mon avis sur Telegraph Avenue, un roman très dense

J’ai dû relire plusieurs fois les premières pages avant de me faire au flot de paroles de l’auteur. Ses phrases à rallonges sont tellement longues qu’on a de la peine à suivre les idées et actions derrière leurs méandres. Parfois une phrase dure plusieurs pages!! Cela colle à l’esprit mal cadré des anti-héros de Brokeland Records et c’est une prouesse, mais cela rend la lecture laborieuse. On trouve pas mal de vulgarité, aussi.

Le style toujours très imagé est intéressant, mais… 600 pages c’est long! Outre l’intrigue principale autour de la boutique de vinyle, le roman compte toute une galerie de personnages secondaires (trop à mon goût), avec leurs propres intrigues qui s’entremêlent.

J’ai pioché ce roman en cherchant des fictions se déroulant à San Francisco (comme cette saga LGBT culte ou ce roman historique sur Chinatown). Mais ici, on reste vraiment coincés à Oakland, et on ne met pas un pied dans le SF qui me fait fantasmer!

Ce roman me semble avoir un point de vue très masculin. On a de la peine à croire qu’il est sorti en 2012, tant les protagonistes se comportent comme en 1970. Les hommes sont des caricatures d’égoïsme, alors qu’en revanche leurs femmes sont « raisonnables ». J’ai eu de la peine avec cet aspect bien sûr…

Je ne regrette pas d’avoir lu Telegraph Avenue, mais je me vois mal à qui le recommander, sauf à des geeks de la musique de cette époque! C’est le genre de roman que j’imagine que la plupart des lecteurs abandonneront après quelques chapitres. Malgré ses qualités, cela reste une fiction alambiquée.

Telegraph Avenue, Michael Chambon, Editions 10-18

J’ai lu ce roman en français, et c’était déjà très compliqué pour suivre! Le lire en anglais aurait été une torture absolue, avec les phrases de trois pages, l’argot, les obscures références culturelles et tous les musiciens inconnus.

Pourtant, vous le savez si vous lisez le blog de temps en temps, je choisis la V.O. la plupart du temps et je vous encourage à oser lire en anglais! Eh bien, pas cette fois. Pas avec ces trois romans qui sont quand même compliqués au niveau de la langue comme du vocabulaire.

J’espère que mon avis sur Eureka Street, Soul Kitchen et Telegraph Avenue vous aura aidé à choisir vos lectures!

Dites-moi lequel de ces romans vous donne envie, ou si vous avez déjà lu un de ces auteurs!

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Livre Jane Austen
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