Une découverte qui m’a émerveillée au Japon, ce sont les temples comme je vous l’ai déjà raconté. Les rituels shintō et bouddhistes, les symboles et grappes de tablettes ema étaient si mystérieux et attirants à la fois pour moi. Et c’est à Kyoto que j’ai encore été enchantée différemment par la magie des temples…
Nous en avons visités quelques-uns qui avaient la particularité de renfermer des « jardins de pierres », ou jardins secs, ces espaces minéraux invitant à la méditation, et dont les graviers sont ratissés avec soin par des moines.
Un univers très étonnant, nous qui avons plus l’habitude de nous émerveiller devant un jardin vivant qu’une composition de rochers, de graviers et de mousse! Au début, l’expérience est déroutante, on ne sait que regarder, on a de la peine à ressentir quelque choses, à comprendre ce qu’on regarde. (voir « premières impressions » plus bas)
Pour visiter ces temples particuliers, le rituel était toujours le même: ôter ses chaussures à l’entrée, et poursuivre la visite en chaussette. Il ne s’agit pas d’entrer dans un bâtiment, mais de marcher sur la coursive qui en fait le tour, et de traverser ainsi différents espaces extérieurs.
Ceux dont je vous parle aujourd’hui ont été établis au XVe siècle environ. Mais parfois, les bâtiments que vous traverserez ont dû être reconstruits après un incendie ou un autre incident.
Temples: Où voir des jardins de pierre à Kyoto?
En une journée à Kyoto, nous avons couplé la visite de trois jardins secs avec la visite du Kinkaku-ji, le magnifique pavillon d’Or (un incontournable!). Les jardins secs se trouvent au sein de temples, et chaque entrée revient environ à 500 yens. Nous avons marché d’un temple à l’autre, en parcourant dans l’ordre: le Pavillon d’Or, le Ryoan-ji, puis les deux derniers temples faisant partie du Daitoku-ji, le Daisen-in et le Zuiho-in.
Le Ryoan-ji et son jardin zen
Le karesansui du temple Ryōan-ji est très réputé au Japon, on dit que c’est « l’un des jardins zens les plus parfaits au monde ». Il est d’ailleurs au patrimoine de l’Unesco depuis 1994, et classé Bien Culturel Important du Japon. Alors, à quoi ressemble ce jardin sec? De format rectangulaire, il mesure 25 mètres de long. Sur un lit de fin gravier ratissé par un moine, 15 roches basaltiques reposent, entourées de mousse. Elles sont disposées de telle sorte qu’il est impossible de les apercevoir toutes à la fois. Le plan de fins graviers symbolise l’océan, alors que les pierres simulent les montagnes. Les sillons de gravier ratissés autour en d’élégants motifs respirent l’harmonie. Une profonde impression de sérénité se dégage de l’ensemble, malgré son aspect aride. Mais il faut s’arrêter, s’asseoir et la contempler pour la ressentir (voir mes premières impressions hésitantes plus bas).
Un côté de l’immense karesansui – pour que vous imaginiez l’ambiance
Ce tableau de pierres se trouve au sein d’un très beau jardin japonais, que je vous recommande de visiter. Bien sûr, il comporte un étang, les arbres sont taillés à la japonaise avec une maîtrise totale de leur forme, on y voit des petits pavillons… En automne, on y voit des momiji flamboyants, et il y a aussi des parterres de mousse…
Ce temple se situe à 15 minutes de marche du Pavillon d’Or.
Quelques photos du Ryoan-ji et de son jardin
En passant sur les coursives on a un aperçu des salles traditionnelles en tatamis
Visiter le Daisen-in: un petit bijou de Kyoto ♥
Le sanctuaire Daitoku-ji comprend une vingtaine de temples: un des plus beaux jardins de pierres de Kyoto y est niché. Sans se perdre dans ce parc de temples qui tient parfois du labyrinthe, il faut trouver le Daisen-in, qui garde farouchement le secret de son très beau jardin zen. En effet, il est formellement interdit d’y prendre des photos, donc je ne peux vous le montrer! À défaut d’y voler des images, il faut le voir absolument pour s’émouvoir de ses harmonies parfaites. Chaque tableau est truffé de symboles, les pierres ayant différentes interprétations selon leur forme et leur emplacement. Les arrangements laissent ici une place plus importante aux mousses et aux plantes, qui forment de sortes d’oasis dans le paysage minéral.
Le Daisen-in est classé Trésor National du Japon. Il m’a beaucoup plus plu que le Ryoan-ji, je pense qu’il est plus accessible au néophyte comme ses jardins zens mêlent pierres, graviers et plantes… Eléments familiers, les plantes forment un pont entre nous et ce monde minéral plus difficile à appréhender.
Le Daitoku-ji se situe à 25 minutes de marche du Pavillon d’Or.
Détail d’un temple au Daitoku-ji – un sanctuaire de Kyoto qui en comprend une vingtaine
Le temple Zuiho-in et son jardin de pierres
Toujours dans l’ensemble du Daitoku-ji, un autre temple que j’ai aimé visiter est le Zuihō-in. L’expérience est similaire au Daisen-in: en marchant en chaussettes sur des coursives, on traverse différents tableaux harmonieux. Je les ai trouvé un peu moins exaltants que ceux du Daisen-in, mais ils valent aussi la visite, et ici on peut prendre des photos! L’histoire des lieux est particulière, car ce temple a été construit par un chef militaire converti au christianisme. C’est pourquoi les rochers dessinent une croix dans un des jardins secs…
Après ces différentes visites, on commence à avoir froid aux pieds… Pensez à mettre des chaussettes épaisses si comme nous vous effectuez ces visites en novembre. C’était drôle de voir que plusieurs visiteurs japonais d’un certain âge portaient des chaussettes avec les orteils séparés (ces sortes de gants de pieds) et bariolées: cela leur donne un air comique alors qu’ils sont en pleine contemplation du jardin zen. Un petit côté farfelu sympathique!
Quelques photos au sein du sanctuaire Daitoku-ji
Premières impressions dans un jardin sec japonais
Au Ryoan-Ji, j’observe les visiteurs japonais, assis face au spectacle du karesansui, le regard plongé sur ce paysage minéral dans lequel ils semblent s’immerger totalement – mais dont la zénitude m’échappe encore. Je m’assieds et cligne des yeux en observant tour à tour l’ensemble harmonieux, et chaque personnalité rocheuse présente. Haussement d’épaules. Ce jardin aride vide mon esprit de toute pensée – la rocaille peine à m’émouvoir, mais elle ne m’énerve pas non plus. Je ne pense plus. Je suis de marbre. C’est peut-être ça la zénitude? Le reste du jardin – avec sa végétation – m’enthousiasme, me donne envie de projets, de marcher pieds nus dans la mousse… Le jardin sec m’apaise totalement… Mais il faudra que j’en visite plusieurs pour commencer à m’enthousiasmer de ses formes, à reconnaître quelque chose de familier dans cette discipline, et enfin à ressentir de l’admiration pour ces paysages artificiels.
A épingler
Et vous, avez-vous visité ce type de jardin, ou cela vous fait-il envie? Qu’avez-vous ressenti? Une envie de ratisser des graviers peut-être? :P
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