Des vacances insolites et engagées, cela vous tente? Il y a quelques années, j’ai signé pour deux semaines de bénévolat en Angleterre dans un sanctuaire de singes laineux… en Cornouailles!
L’expérience a été dépaysante – c’est le moins que l’on puisse dire. D’une part, j’ai passé deux semaines dans une communauté vegan coupée du monde et j’ai pu découvrir le comportement fascinant de nos pauvres cousins perdus sur cette île, si loin de leur forêt amazonienne.
Vous vous demandez probablement ce que peuvent bien fabriquer ces singes sud-américains en Angleterre. Il s’agit en fait d’animaux domestiques récupérés après leur abandon. Oui, car nos touchants cousins sauvages sont adoptés comme animaux de compagnie par des British inconscients.
Pour éduquer le public à ce problème, le Monkey Sanctuary ouvre d’ailleurs ses portes aux visiteurs – et explique pourquoi c’est une très mauvaise idée d’adopter un singe comme animal de compagnie! Faut-il le rappeler? Même si ce sont nos proches cousins, les singes sont bel et bien des animaux sauvages qui n’ont pas leur place dans une maison! Pourquoi leur comportement naturel est incompatible avec la vie de famille? Afin de grader les échelons de la hiérarchie, ce sympathique animal a l’instinct de soumettre ses concurrents… En gros, il commence par attaquer le chien ou le chat, puis les gamins, pour gagner du pouvoir! Ce comportement instinctif est difficilement toléré dans les familles anglaises – malgré leur flegme légendaire.
En tant que bénévole, j’ai pu côtoyer les fameux singes laineux, mieux connus des scientifiques sous leur nom latin, Lagothrix lagotricha. En voici un beau spécimen.
Crédit photo: Hans Hillewaert (Creative Commons)
J’ai adoré observer ces primates, qui marchent systématiquement avec leur queue en forme de point d’interrogation au-dessus d’eux. J’avais déjà parlé de mon expérience au Monkey Sanctuary dans les Petites découvertes de My Little Discoveries, mais j’avais envie d’en parler plus longuement sur Birds and Bicycles :)
Le Monkey Sanctuary est implanté sur un site splendide à Murrayton. Cette ancienne propriété magnifique se situe sur la côte de Cornouailles, non loin de Looe. Voici le paysage que l’on peut voir en sortant du jardin du sanctuaire. Au bas de la falaise, il y a même une petite plage à laquelle on accède en 5 minutes!
Dans ce lieu, on ressent cette délicieuse impression d’être coupé du monde (à l’époque où j’ai fait mon expérience de bénévolat en Angleterre, on n’avait pas de smartphones!). Le bled d’à côté porte le nom évocateur de « No man’s land » – c’est tout dire! Et il n’y a pas de transports publics qui mènent au sanctuaire… Pour se rendre au village de pêcheurs le plus proche, il faut compter une petite demi-heure de marche sur les falaises herbues qui dominent la mer.
Une bagatelle à parcourir quand on rêve de déguster un Cornish pasty au boeuf (my favourite)… Parce que le centre fonctionne en communauté – et les green addicts convaincus qui le peuplent sont végétaliens! Pour des Britanniques, cela signifie qu’ils mettent un nuage de lait de soja dans leur thé. Et que seuls les singes ont le droit à leur ration de viande.
Des singes laineux traités en pachas
Les keepers (gardiens) de ce lieu font un travail fantastique pour que leur colonie de singes laineux se sente bien. Cela va d’étaler de la vitamine D sur leurs tartines (parce qu’en Angleterre, il leur en manque une dose… je vous rappelle que les êtres synthétisent cette vitamine grâce aux rayons du soleil – hum hum) ou à fabriquer des jeux intellectuels pour stimuler leurs neurones (comme cacher du miel sur des branches pour les forcer à chercher ou inventer d’autres puzzles à résoudre.)
À l’extérieur, les cages forment un réseau labyrinthique, reliés par des tunnels – et une pièce de la maison a même été transformée en douillet espace intérieur.
En plus des singes laineux, quelques petits capucins à l’intelligence redoutable trouvent refuge au Monkey Sanctuary. Malins comme des gamins de 3 ans, ils peuvent s’avérer teigneux et vous jeter des pierres à la tête on purpose.
Un capucin. Crédit photo: The Monkey Sanctuary
Ciel, une souris!
Durant mon séjour, j’ai pu remarquer que les singes laineux sont parfois sujets à des terreurs nocturnes. Ils se mettent alors tous à hurler! Surprise par les cris, j’avais demandé à un membre de la communauté ce qu’il se passait. « Oh rien, cela doit être une souris qui est entrée dans la cage. » Tout ce foin pour un petit rongeur qui a osé une intrusion sur leur territoire? Ce sont de grosses bêtes peureuses après tout…
Expérience de bénévolat en Angleterre au Monkey Sanctuary: les missions
Je ne peux que vous conseiller cette expérience, même si le boulot est conséquent. Of course, you’d need to speak English! Comme les passionnés qui vivent là à l’année, vous devrez également vous consacrer entièrement au bien-être des singes. Ils sont vraiment dévoués à cette cause!
En tant que bénévole au Monkey Sanctuary, j’ai donné un coup de patte dans les diverses tâches que demande la gestion d’un petit parc animalier. Outre la routine de nettoyage des cages à l’aube (c’est à dire, ramasser des cacas de singe et des restes de nourriture*), il faut laver et découper les légumes et fruits des protégés. D’autres missions sont plus ingrates: faire la plonge au café, servir des glaces aux visiteurs ou nettoyer les toilettes des humains. Eh oui!
*Leur truc, à nos amis les singes laineux, c’est de manger comme des cochons, en laissant tomber au sol la moitié de leurs bouchées. Dans leur écosystème, ils vivent à la canopée des arbres, et d’autres animaux profitent de grignoter leurs miettes. Au sanctuaire, ben il faut nettoyer…
Ce que je préférais faire au sanctuaire? Confectionner le « monkey cake« , un gâteau servi chaque soir, que nos amis poilus attendent avec impatience et dégustent en chantant…
Oui, car ces singes chantent, ils gazouillent assis sur leur branche, à leur aise pendant qu’ils mâchent leur en-cas dans ce joli coin d’Angleterre. C’est la plus douce mélodie que je n’ai jamais entendue…
Pour devenir un « volunteer », une participation financière est demandée pour l’hébergement et les repas, comme c’est la coutume pour des séjours de bénévolat. J’y ai passé 2 semaines à l’époque, en 2005, et suis retournée plus récemment en tant que visiteuse. Cela n’avait pas changé!
Pour soutenir le travail du Monkey Sanctuary à distance, vous pouvez aussi adopter Ivor ou Caju.
Et vous, vous avez déjà fait du bénévolat à l’étranger? Je suis curieuse de savoir pour quelles causes vous vous êtes engagés!