Après mon partage d’adresses à Paris, pour ce lundi, j’avais envie de vous proposer une oeuvre incontournable de la littérature..
Plongeons dans L’Ecume des Jours, ce livre culte dont on parle beaucoup suite à l’adaptation cinématographique de Gondry (que je n’ose pas voir, de crainte de perdre ma vision de l’univers de Vian!).
Ce chef d’œuvre de Boris Vian raconte les débuts sans nuage de l’amour entre Colin et Chloé, dans un univers surréaliste. La douceur de vivre superficielle des séances de patin à glace et des surprise parties va peu à peu s’estomper car… la douce Chloé a attrapé un nénuphar dans le poumon.
Dans ce monde, les murs des pièces se meuvent au fil des jours, une anguille vit dans la tuyauterie et sort sa tête, par le robinet, pour chiper du dentifrice américain à l’ananas dont elle raffole une fois la nuit tombée, et les protagonistes taillent leurs paupières en biseau pour se modeler un regard mystérieux…
Lorsque Colin doit travailler, car son ami Chick lui emprunte trop d’argent pour assouvir sa passion de collectionneur (de livres rares du célébrissime Jean-Sol Partre), il prête la chaleur de son corps à l’industrie de la guerre. Son travail consiste à couver des graines de fusil, un emploi qui le vide de toute énergie.
L’Écume des jours – Sur un air de pianococktail
On y découvre des inventions incroyables, dans l’Ecume des Jours, comme le pianococktail, cet instrument qui mixe les saveurs et les alcools, lorsqu’un barman mélomane y compose des boissons du bout des doigts.
La fiction devient d’ailleurs réalité grâce à Nicolas et Géraldine Schenkel, un inventeurs sacrément doué et sa soeur pianiste, qui jouent leur pianococktail du côté de Genève! Je rêve de le voir en action et de goûter à une de leurs créations. Si vous aussi, jetez un œil aux dates de leurs représentations à venir.
Voilà donc une histoire d’amour magnifique, une fable onirique, une œuvre tordue à souhait qui plaira aux esprits fantaisistes qui trouvent que le monde en trois dimensions manque de couleurs. En tournant les pages, l’imagination ravie découvre les astuces de Vian qui détourne les mots et la réalité.
Si vous aimez les récits très réalistes et êtes allergiques aux éléments absurdes, vous pourriez être hermétique à l’univers de l’Ecume des jours. Et ne survivrez pas au premier paragraphe.
Le voici donc, pour vous faire une idée, vous mettre en appétit, ou décider qu’il faut urgemment le relire!
Colin terminait sa toilette. Il s’était enveloppé, au sortir du bain, d’une ample serviette de tissu bouclé dont seuls ses jambes et son torse dépassaient. Il prit à l’étagère de verre, le vaporisateur et pulvérisa l’huile fluide et odorante sur ses cheveux clairs. Son peigne d’ambre divisa la masse soyeuse en longs filets orange pareils aux sillons que le gai laboureur trace à l’aide d’une fourchette dans de la confiture d’abricots. Colin reposa le peigne et, s’armant du coupe-ongles, tailla en biseau les coins de ses paupières mates, pour donner du mystère à son regard. Il devait recommencer souvent, car elles repoussaient vite. Il alluma la petite lampe du miroir grossissant et s’en rapprocha pour vérifier l’état de son épiderme. Quelques comédons saillaient aux alentours des ailes du nez. En se voyant si laids dans le miroir grossissant, ils rentrèrent prestement sous la peau et, satisfait, Colin éteignit la lampe.
Si cela ne vous plaît pas, pas de panique. Les goûts et les couleurs varient selon les bibliothèques après tout!
En chroniquant ce livre, je participe au Challenge Romans Cultes initié par Metaphore.
Et l’adaptation de Michel Gondry, vous l’avez vue? J’ai l’intention d’aller au cinéma pour en prendre plein les yeux sous peu.