Le Nom de la Rose est un célèbre roman de l’écrivain italien Umberto Eco, qui se déroule au Moyen-Âge au cœur d’une abbaye. L’ayant dévoré et beaucoup aimé, je voulais vous le faire découvrir pour ce lundi lecture!
Il s’agit d’une enquête dans un monastère perché sur une montagne, en Italie… Un des frères meurt mystérieusement, et l’abbé charge Guillaume de Baskerville (en visite au moment des faits) de faire toute la lumière sur cette affaire.
Pour cela, il lui octroie tous les droits, sauf celui de pénétrer dans la bibliothèque, un lieu clos où même les moines copistes n’ont pas le droit de déambuler. Les frères travaillant au scriptorium peuvent consulter les ouvrages recensés sur une liste en les demandant au bibliothécaire (qui décide si la requête est justifiée!), mais jamais se balader dans les rayons. Pourtant c’est cette imposante collection de manuscrits qui fait la renommée de l’abbaye!
Il n’en faut pas plus pour aiguiser la curiosité du malin Guillaume de Baskerville, qui n’a plus qu’une envie: s’aventurer dans le lieu interdit!
Seuls quelques moines connaissent le secret de la bibliothèque: frère Malachie, qui occupe le poste envié de bibliothécaire, son assistant – qui prendra un jour la relève – et le vieux Jorge, un aveugle chatouilleux lorsqu’on ose remettre en question ses lumières et son interprétation de la Sainte Bible.
Au fil des jours, le moine Guillaume de Baskerville tente de percer les mystères de la bibliothèque, avec l’aide de son assistant, le jeune Adso. Ils découvrent les passages secrets qui permettent d’atteindre l’édifice interdit en toute discrétion, pour se rendre compte que l’agencement des lieux est très curieux. La bibliothèque est un labyrinthe, dont il faut découvrir la clé! Et elle renferme un secret: mais lequel? Déjouant les pièges installés pour faire fuir les intrus, les deux compères vont peu à peu réussir à comprendre ce labyrinthe…
Mais leur enquête avance trop lentement! Chaque jour, un autre moine est découvert mort! Qui est derrière ces crimes? Que se passe-t-il dans l’abbaye qu’on ne veut leur dire? Un parfum de secret règne et les moines se taisent.
→ Ce qui m’a plu dans le Nom de la Rose
Le narrateur: C’est le jeune Adso qui raconte l’histoire. Il porte un regard naïf sur les choses, en mésinterprète bien d’autres et amuse le lecteur par sa candeur et sa bêtise.
Guillaume de Baskerville : ce personnage fascinant est pour moi le clou du roman. Ce moine franciscain, très sage, n’est pas enfermé dans ses préceptes religieux. Libre d’esprit, il est féru de science (une simple boussole est pourtant mal vue!), amoureux de savoir, et son attitude est un plaidoyer pour la mesure et la sagesse – alors que les inquisiteurs sèment le trouble dans les esprit, invoquant la présence du Diable à tout va!
La bibliothèque: elle devient un personnage à part entière, avec son aura mystérieuse et ses trésors intouchables. Son labyrinthe est fascinant, et son exploration reste ma partie préférée du roman. Elle contient un savoir immense, mais qui reste interdit aux érudits de l’abbaye. Les maîtres des lieux pensent que certaines connaissances doivent rester cachées… Je ne vous en dis pas plus!
(Au passage, j’ai pensé à d’autres bibliothèques de roman qui m’ont marqué – comme le cimetière des livres oubliés de l’Ombre du Vent (Zafón) ou – dans un autre registre – la bibliothèque gigantesque de la saga Thursday Next (la détective qui remet de l’ordre dans les livres), qui lui sert de point de départ pour voyager dans la fiction!)
L’enquête: Menée auprès des frères de l’abbaye, elle ressemble à une partie de Qui est-ce? – on essaie de deviner en permanence qui est le coupable grâce aux différents indices semés par l’auteur ou récoltés par Guillaume et Adso. On s’amuse à décrypter leurs interactions avec les autres personnages…
Par la même occasion, le Nom de la Rose nous propose une immersion dans la vie monacale du Moyen-Âge. On découvre le travail des frères artisans, comme les enlumineurs, ou celui du moine herboriste. Quant au forgeron, il tente de fabriquer des lunettes pour Guillaume qui s’est vu dérober ses verres (un gadget très rare ). Une entreprise hasardeuse reportée de façon comique… Or sans verres, Guillaume ne peut déchiffrer le parchemin en grec en sa possession, où se trouve peut-être la clé du mystère!
→ Là où il faut s’accrocher!
Umberto Eco, avant d’être écrivain, est un érudit. Médiéviste et sémiologue, il enrobe son récit dans un contexte historique dense et très présent. Cela tombe bien, vu qu’il connaît le Moyen-Âge sur le bout des doigts.
En tant que lecteur non averti, j’ai eu un peu de mal à démêler les intrigues de pouvoir de l’Église. Je vais tenter de vous expliquer de mon mieux ce qui vous attend.
Trois problématiques s’entremêlent:
- Le pape Jean, en Avignon, décrié par de nombreuses voix, s’oppose à l’Empereur… Ce sera à qui gagnera le plus de pouvoir! Deux délégations ont pour mission de trouver certains compromis (ou pas) et vont se retrouver à l’abbaye pour mener de doctes discussions durant le roman. (Spoiler: c’est un fiasco, évidemment!)
- De plus, le Pape souhaite conserver ses privilèges! Il vit dans un palais clinquant ( je ne sais pas si vous avez déjà visité les méandres du Palais des Papes d’Avignon – j’essaierai de vous y emmener un de ces quatre), et avec l’aide de plusieurs ordres monacaux qui veulent défendre leur haute condition, ils s’opposent durement aux courants du christianisme qui prônent la pauvreté et l’humilité! Pour les discréditer, ils les traitent d’hérétiques et s’en débarrassent sur le bûcher.
La question cruciale, sur laquelle tout ce beau monde tourne en rond de façon obsessionnelle autant que stérile, c’est: Jésus Christ était-il pauvre ou possédait-il des choses? Reniait-il la propriété?
- 3) Dans ces temps troublés, de nombreux chrétiens errant vont par les routes et clament la bonne parole (et à nouveau la pauvreté)- alors que d’autres mystiques s’adonnent à des pratiques peu catholiques tout en se prétendant des saints! Tous sont appelés « hérétiques » et mis dans le même panier, car ils menacent l’ordre de l’Église.
Il faut – vous l’aurez compris – s’accrocher pour suivre le récit, enrichi par des prises de position ou récits des personnages, qui font référence à ces 3 problématiques et donc au chaos grandissant en-dehors du petit monde de l’abbaye.
La lecture du roman n’est pas toujours facile, mais reste passionnante! Et même si on ne comprend pas toutes les subtilités du contexte, le récit premier, autour des mystères des meurtres et de la bibliothèque, n’en sera pas gâché et vous tiendra en haleine. Je vous le dis en connaissance de cause! ;)
Et vous, vous êtes-vous déjà plongé dans l’univers du Nom de la Rose?
Cette chronique livresque participe au Challenge Romans Cultes initié par Métaphore. Mon objectif: vous parler de +10 livres cultes en deux ans. J’ai déjà commencé ici!