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Les romans frais et audacieux du Diable Vauvert

par Kantutita
Publié le Mis à jour le

Pour ce lundi lecture, je voulais vous parler d’une maison d’édition que j’adore: Au Diable Vauvert. Grâce à leur flair, ils repèrent des auteurs actuels excellents. Je leur dois entre autres ces trois jolies découvertes!

Les Morues, de Titiou Lecoq

les moruesPremier roman de la blogueuse Titiou Lecoq (de l’hilarant Girls and Geeks), LES MORUES est un portrait de notre époque réussi et chaotique. Les Morues en question sont trois femmes indépendantes, autobaptisées ainsi autour de leurs revendications féministes, qu’elles édictent en traînant dans un bar… mais abandonnent une à une lorsqu’un mec entre dans leur vie. Elles prennent sous leur aile le petit Fred, un être asocial mais touchant, qui les aide à enquêter sur le suicide inattendu d’une amie… Ce livre commence comme une enquête, mais c’est un prétexte à un portrait sans concession de trentenaires parisiens, déstabilisés mais attachants. Rafraîchissant !

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La Fille Automate, de Paolo Bacigalupi

fille automate de bacigalupiEncore un premier roman, mais cette fois il s’agit de science fiction. L’excellent auteur américain Paolo Bacigalupi imagine un futur où les OGM ont appauvri le monde. D’étranges chats génétiquement modifiés se promènent dans les rues, apparaissant et disparaissant à l’envi. Les producteurs de calories dirigent le monde depuis le krach énergétique mondial, depuis la Thaïlande. Le lecteur découvre le destin de plusieurs personnages dans ce pays prospère, dont celui de la Fille automate. Emiko, de fabrication japonaise, est une créature artificielle programmée pour assouvir les délires sexuels des hommes d’affaire nippons. Cette esclave a cependant des sentiments et des rêves de liberté. Elle découvrira que son créateur l’a dotée… d’une force surhumaine, mais devra pour en faire usage dépasser ses instincts d’esclave, ancrés dans son code génétique – car elle est née pour obéir. À côté de cela, on suit le destin d’autres protagonistes pour comprendre ce monde effarant, directement extrapolé de notre monde actuel.

Edit: Le roman est paru au format poche: 8 € chez J’ai Lu

Paradis (avant liquidation)

paradis avant liquidationUn récit de voyage irrésistible, par Julien Blanc-Gras – profession, touriste. Or il n’est pas un touriste comme les autres:  il choisit ici une destination hautement improbable, les Îles Kiribati, une nation composée de trente-trois confettis éparpillées dans le Pacifique, du côté de l’Océanie. Trait particulier: ces îles sont en voie de disparition, à cause de la montée des eaux due au changement climatique.

Ici, les gens vivent de la pêche et de la cueillette de noix de coco, leur unique fenêtre sur le reste du monde étant un internet super lent. Notre voyageur raconte ses mésaventures et rencontres cocasses dans ce pays menacé, coupé de tout, où les visiteurs sont extrêmement rares. Du coup, il est accueilli avec curiosité. Un homme exubérant, Kaure, est ravi de lui servir de guide.

Edit: Paru en format poche chez le Livre de Poche: 6 €

Extrait:

Je m’étais trompé en pensant que la notion de taxi n’existait pas sur cette île. Il y en a un. Kaure a investi dans un mini-bus pour assurer sa retraite après une carrière dans l’enseignement. Il trimballe des officiels d’un bout à l’autre de l’île. Les affaires marchent bien, il est en situation de monopole.

Kaure se caractérise par sa très grande gueule. Il hèle quelqu’un tous les cent mètres, balance des vannes de sa voie de stentor, fait rire la foule et distribue des bonbons aux enfants. Avec sa démarche lourde et sa barbe blanche , il ferait un bon Père Noël.

Il me promène en commentant l’humanité qui passe, insultant quelques passants à l’occasion. Tout le monde connaît Kaure, Kaure connaît tout le monde. [… Il] est apparenté à la moitié de l’île.

Très fin et rempli de traits d’humour, « Paradis (avant liquidation) » invite à un voyage au bout du monde, dans un pays menacé par la montée des eaux et… l’inefficacité de ses fonctionnaires. À lire sur son transat, perso, j’ai A-DO-RÉ.

 

Encore un mot sur Le Diable

Depuis 13 ans, Au Diable Vauvert publie de la littérature d’aujourd’hui, « échappant aux académismes ». Parmi ses influences: la pop-culture (musique, cinéma, BD, littératures de genre, jeux video, esthétiques urbaines, séries) et la langue parlée.

Le Diable permet de découvrir les voix d’une jeune scène en ébullition, d’une « littérature lucide et transgressive, inventive et audacieuse ».

Petit détail amusant: sur chaque couverture de l’éditeur figure un petit dessin du Diable en rapport avec le livre! On le voit les pieds dans l’eau et muni d’un tuba sur le récit de Julien Blanc-Gras, en automate sur le roman de Bacigalupi… Un petit clin d’oeil sympathique que j’aime retrouver au fil de mes lectures.

J’ai découvert cette excellente maison d’édition lorsque je me suis installée dans le Sud. Oui, car le QG du Diable se trouve à …Vauvert, dans le Gard – même si l’éditeur est d’envergure nationale. Super, non! Pour une fois que de la bonne littérature ne vient pas de Paris! (Vous l’avez compris, cette centralisation vers la capitale me laisse toujours perplexe.)

J’espère vous avoir donnée envie de découvrir l’un ou l’autre de ces ouvrages, ou le catalogue du Diable Vauvert…

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Livre Jane Austen

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