Le week-end dernier, je me suis baladée entre les tas de romans présentés lors de la Comédie du Livre de Montpellier (malgré la pluie, quel courage). Voici mes coups de cœur et jolies rencontres, qui vous donneront peut-être des idées pour bouquiner cet été.
On commence par le Maghreb, puis on revient en France avec un écrivain voyageur…
Quatre voix de femmes attachées à l’Algérie
Pour cette édition, des auteurs d’Algérie, de Tunisie et du Maroc étaient à l’honneur. Autant vous avouer que je n’avais jamais eu l’occasion de lire un bouquin écrit par un écrivain maghrébin avant, et je me suis rattrapée en découvrant trois livres écrits par trois femmes – en amont. Quelle prévoyance, non?
Dans le désordre: « Pierre Sang Papier ou Cendre » de Maïssa Bey, un texte dur et plein d’émotion. Une sorte de poème en prose sur la guerre d’Algérie qui ne laisse pas indifférent. On y croise quelques figures historiques, les pensées d’enfants innocents et une allégorie de « Madame la France ». ☼ Ensuite, « La jeune fille au balcon » de Leïla Sebbar est une nouvelle sur une adolescente amoureuse, au Maghreb. Elle guette ce fameux garçon depuis son balcon… il lui jette des pierres entourées de poèmes. Bien sûr, elle n’a pas le droit de lui parler dans la rue. ☼ Quant à « Une éducation algérienne » de Wassyla Tamzali, ce sont en quelque sorte les mémoires de cette avocate engagée. Durant sa jeunesse, elle côtoie un cercle d’intellectuels et rêve d’une Algérie indépendante et éclairée.
J’ai aussi eu un coup de cœur pour l’essai de Djemila Benhabib, « L’automne des femmes arabes » (H&O éditions). Elle raconte ses observations et livre ses réflexions sur la vie quotidienne des femmes et des hommes après le Printemps arabe, suite à des séjours au Caire et à Tunis. Une intéressante mise en perspective, avec certaines anecdotes abracadabrantes (sur la sexualité cachée notamment). Si le sujet vous intéresse, je vous le conseille!
Cette féministe s’insurge contre la place de la religion dans la sphère publique, et milite pour améliorer la condition des femmes. Elle a été condamnée à mort par les islamistes dans les années nonante à cause de ses positions, et vit depuis au Québec.
L’humour ravageur de Fouad Laroui
Lors de tables rondes, ces intellectuels maghrébins, pour beaucoup exilés, ont tenu des propos très intéressants sur la littérature, la condition des femmes au Maghreb, l’histoire de l’Algérie, le poids des traditions, la religion. Des thèmes qu’on retrouve souvent dans leurs récits. Cela m’a donné envie de découvrir d’autres de leurs textes… Si vous avez des suggestions, je prends!
J’ai adoré le sens de l’humour d’un écrivain en particulier. Lors d’un thé littéraire autour des différentes langues qu’il pratique, le Marocain Fouad Laroui, installé aux Pays-Bas, a fait rire l’auditoire sans répit (entre autre en prononçant des noms d’arbres en hollandais et en racontant bon nombre de bêtises)! Quel boute-en-train! Du coup, j’ai très envie de découvrir ses romans .
Son compère pour l’occasion, bien plus effacé, était Amara Lakhous, un écrivain installé lui en Italie. Il a écrit un roman qui paraît très amusant « Divorce à la musulmane à viale Marconi ». (Oui, moi j’aime lire des choses drôles, surtout quand cela évoque des chocs entre deux cultures.)
Des pistes de lecture du côté des écrivains français
Après ce petit voyage au Maghreb, laissez-moi vous parler de quelques auteurs franco-français croisés sur les stands…
Du côté de l’excellente maison d’édition Au Diable Vauvert, dont le QG est au Sud de la France, je me suis procuré quelques ouvrages que j’ai hâte de commencer:
Zen City de Grégoire Hervier. Sur le 4ème de couv’, j’ai cru reconnaître la promesse d’un 1984 remis au goût du jour.
Son nom est Charles Poitevin. Il a aussi écrit un roman (Otary Club), où il raconte les trucs chelou qu’il a vu en vrai en allant bosser pour une ONG dans les îles (ou comment une asso sensée venir en aide à la population locale la saigne à la place. L’angoisse!!). Ben ouais, il lui en arrive de ces trucs à ce garçon!
Le chapitre Gill Graff
Pour finir, j’ai rencontré Gill Graff, auteure d’un roman dont je suis fan et que vous devriez découvrir d’urgence (si vous n’avez pas froid aux yeux)!!! Il s’agit de Requiem pour une Racaille dont je dois vous parler.La France devient fasciste, tout part en vrille, et je ronge mon frein car j’attends la suite avec grande impatience. Or elle n’est pas prête de voir le jour car le livre n’a pas connu une couverture médiatique suffisante et donc pas assez de ventes pour le moment… Alors qu’il mériterait un succès national!! Ce super roman est publié par une petite maison d’édition à Perpignan.
Eh bien, sur son stand, Mme Graff m’a appris en toute innocence que grâce à une sorte de distorsion de l’espace temps qui m’arrange bien, elle a non seulement déjà écrit mais publié la suite de ce récit, intitulé « Concerto pour l’abattoir« . Moi trop heureuse et prête à courir me le procurer: « Et où je le trouve alors? » « Oh, malheureusement il est épuisé depuis des années. Je l’avais publié à Paris dans une petite maison d’édition qui a mis la clef sous la porte… »
Après une fouille éperdue sur divers sites de ventes de livres d’occasion, j’ai trouvé un exemplaire de ce « Concerto pour l’abattoir » pour 20 euros… Évidemment, ma commande n’a pas fonctionné, la rupture de stock est bien réelle!! En attendant (soupir), je lui ai pris un autre roman, « Céret noir« .
…d’ailleurs, au lieu de vous écrire je ferais mieux de terminer mes lectures en cours pour pouvoir les attaquer!
Et vous, connaissez-vous des écrivains algériens, tunisiens ou marocains qui valent le détour?